Ou à peu près.
Je viens de finir LE livre du moment, commis par le beau
gosse de la blogosphère, le gourou de l’influence en ligne, le dieu de l’olympe
virtuelle, Nicolas Vanbremeersch, aka Meilcour, feu Versac (photo Blogonautes, merki !)
Malgré les suppliques, pas de fiche de lecture.
D’abord parce que c’est un exercice que je ne maîtrise plus
aussi bien que du temps où je fréquentais assidûment les toilettes bancs de l’université.
Et puis, un résumé trop complet et trop fouillé dissuade souvent le lecteur de
sauter le pas et de se plonger dans le texte original, persuadé qu’il est, le
benêt, d’en avoir déjà saisi la substantifique moelle. Enfin le bouquin est
court et bon marché : 105 pages, 14 euros (soit environ 9,45 centimes le
gramme, c’est carrément moins cher que la cocaïne –chacun ses repères !),
alors y compris en temps de crise, pourquoi se priver ?
Pas de fiche de lecture donc, mais envie d’en parler quand
même.
La question centrale : qu’est donc cet « espace
public numérique », objet médiatique et virtuel mal identifié, qui s’est
construit et développé de façon empirique, mais au sein duquel on commence à
identifier des principe d’organisation, de codes et d’interactions qui le
distinguent de l’espace public conventionnel. Nicolas Vanbremeersch met à cette
occasion le doigt sur des mécanismes que l’on a forcément perçu à un moment ou
à un autre en tant que blogueur. Focalisé sur la dimension politique de cet
espace, s’appuyant sur une analyse de la blogosphère spécialisée, il établit un
parallèle avec l’émergence des cafés politiques et littéraires au XIXème
siècle : cependant, aujourd'hui, les relations bloguesques, s’affranchissant de clivages partisans
ou sociaux toujours prégnant IRL
permettraient la confrontation des idées et des expertises et
encourageraient chacun à progresser sur la voie de la connaissance et de la
construction d’une opinion personnelle auparavant quasi-dépendante de l’information
délivrée par les canaux classiques du débat public. En gros, un militant PS aura l'occasion d'argumenter face à un UMP, on pourra voir un informaticien, un prof d'économie et un étudiant en physique appliquée débattre de la constitution européenne, alors que la probabilité qu'ils s'abordent ailleurs dans la vraie vie et se parlent serait quasi-nulle.
Ca, c’est l’idéal, que l’on
observe chez ceux qui, quelles que soient les circonstances, font déjà preuve
d’assez de curiosité et d’ouverture pour se frotter aux autres, débattre et
surtout, sont prêts à changer d’avis. Pour ma part, je suis bien moins
optimiste : je suis complètement atterré par la dérive qui tend à faire de
cet espace un nouveau café du commerce, où l’émulation intellectuelle laisse la
place à la compilation des opinions bourrines assénées unilatéralement, faisant
de cet espace numérique le nouveau royaume de la beaufitude. Il n’est qu’à
déguster les centaines de commentaires lâchés sur les sites d’information ou
les trolls qui trustent les blogs – avec orthographe et grammaire à l’avenant.
Ce qui fait que j’ai depuis longtemps renoncé à réagir sur un article du
Monde ou de Libé (sauf le week-end dernier, pour dénoncer un commentaire
antisémite qui avait été validé sur lefigaro.fr –j’en ai encore des aigreurs).
Mais je suis un vieux con, et je m’égare.
Si Nicolas Vanbreemersch évoque bien la monnaie de ces
échanges - réputation et plaisir, peut-être qu’une prochaine édition augmentée, ou
un prolongement sur son site, lui permettraient de creuser un peu plus, en ce qui
concerne la sphère « web social », les ressorts personnels voire narcissiques qui sous-tendent la
démarche de ceux qui investissent cet espace, ainsi que l’évolution des barrières de l’intime qui nous pousse à exposer
de façon plus ou moins anonyme nos actes et nos opinions. Il suffit ainsi de
relire les guides de savoir-vivre d’il y a à peine quelques décennies pour constater
qu’on y décrétait encore comme mal venu de parler argent ou politique dans un
dîner en ville…Il faudrait aussi décrire une certaine misère, peut-être plus
affective qu’intellectuelle celle là, qui transpire des phénomènes de cour que
l’on observe autour de certains blogueurs, le cœur des pleureuses qui se
lacèrent le visage à l’annonce de la fin de tel ou tel site, la flagornerie
mielleuse envers les (pseudo) influenceurs…
Nicolas Vanbremeersch mérite quand même un coup de chapeau
arc-en-ciel pour avoir osé, dans un ouvrage à caractère académique (Presses de
Science Po obligent), un charmant développement sur la pédéblogosphère. Je n’ai
pas pu m’empêcher de me sentir indirectement flatté !
En revanche, page 73 ligne 28, j’ai moyennement apprécié
qu’il annexe plus ou moins au 92 le Metropolis, night-club du Pont-de-Rungis
considéré comme le lieu de naissance de la tektonik, qu’il décrit comme «une boîte de nuit fréquentée par les
adolescents des Hauts-de-Seine»… Et là je dis non, il se serait donné la peine de
pénétrer ce magique endroit trois
salles-trois ambiances situé dans le Val-de-Marne, il aurait vu de ses yeux vu
que le 9-1 (maisoooooon) et le 9-4 y sont en force. Pfff. Et pourquoi pas le Queen dans le Val-d’Oise tant qu’on y
est :-) ?
Alors oui, pour tout cela, et malgré la couverture et la
photo de 4è de couv’ bof-bof (eh oui, ça compte :-), lâchez vos 14 euros
,faites vous plaiz et rendez-le riche et célèbre!
PS : pour les fauchés, je veux bien le prêter, mais
faut me le rendre parce que j’en ai marre de me faire pouilledèpe ma
bibliothèque.
PS2 : Nicolas, j’ai bien mérité une petite séance de dédicace
perso, nan ?
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