Mardi 4 février
Jacky au royaume des filles, avec La Sauvette à l'UGC des Halles.
J'avais bien aimé la bande annonce, le côté potache à la Sattouf, avec toujours le risque que tous les bons sketchs et répliques y soient compilés, et que le reste du film se révèle un peu faible.
Dans une république imaginaire, mélange de Caucase et d'Asie centrale (monumentale architecture soviétique, steppe désolée, culte du dieu cheval) la société est dominée par les femmes. Une dictatrice (superbe Anémone) décide d'abdiquer en faveur de sa fille (la Colonelle, troublante Charlotte Gainsbourg) et organise un grand bal au cours duquel elle est censée trouver un mari. Dans un petit village, les intrigues vont bon train au sein de la famille de Jacky pour pouvoir assister au bal. Mais, après bien des péripéties, c'est déguisé en femme que le romantique garçon arrivera à séduire la Colonelle...
On rit, mais si on est outillé pour regarder le film au second degré, on rit jaune ; et on sait aussi que les situations qui ont l'air si cocasses quand elles mettent en scène ces hommes voilés, auxquels on accorde parfois le droit de s'acheter du shampooing -voire d'apprendre à lire !- ne sont pas du tout imaginaires dans certains pays, dans certains milieux, dans certaines religions. La domination d'un sexe sur l'autre bien sûr, mais l'oppression véhiculée au sein de la société et de la famille elle-même par les pères sur leur fils, par miroir de celle exercée par les mères, belles-mères, tantes et autres mégères.
J'aimerais bien voir les réactions de spectateurs lambdas dans certaines salles, de petites villes de province, de Versailles ou de Mantes-la-Jolie. Dans cette époque de paranoïa anto-djendeur, de "journées de retrait" de l'école et d'imprécations machisto-homophobes, la diffusion de ce film y apporterait une salutaire et rafraichissante distraction.
Mercredi 5 février
Atelier de groupe au cabinet de Rh, exercice de présentation en dix minutes pour défendre sa candidature au cours d'un entretien fictif face à une spécialiste du recrutement.
Dans l'exposé de mon expérience et de mes réalisations, je me fais reprendre : "apprenez à dire *je*, plus *nous*." De la difficulté d'avoir travaillé en équipe et d'avoir presque systématiquement, et le plus souvent de bon gré, concédé à d'autres le soin d'endosser mon action. Il faudrait me réédiquer, mais je crains que le pli ne soit pris de façon irrémédiable.
Vendredi 7 février
Running dans l'après-midi aux Buttes-Chaumont avec mon coach qui me promet de m'emmener vers des sommets de performance.
Petit dîner de coloc le soir, avec V. et la Vilaine Lulu, autour d'un filet mignon.
Samedi 8 février
Encore des agapes, avec juste V. Je prépare un carpaccio de champignons, des grenadins de veau et une poellée de légumes de chez Terroirs d'avenir, le tout accompagné d'un Chassagne-Montrachet, un 1995 dans mon souvenir.
Dimanche 9 février
Après le déjeuner, direction le Marais pour visiter, à la Bibliothque historique de la Ville de Paris, l'exposition "Paris 14-18, la guerre au quotidien". On peut y admirer deux cent photos prises durant cette période dans la capitale et illustrants les mouvements de population, l'arrivée des réfugiés belges ou nordistes, la (dérisoire) défense de la place, les restrictions, les destructions, la célebration de la victoire... Au delà du regard sur la vie quotidienne, qui déconstruit quelques clichés, c'est aussi l'occasion de voir certains visages d'un Paris qui n'existe plus, où, au contraire, d'en constater les permanences en reconnaissant des lieux qui n'ont pas changé depuis.
Mention spéciale pour certains documents, comme cette carte des bombardements, qui attestent que mon pâté d'immeubles a été touché par la grosse Bertha ou une des ces cousines. Ou encore cette affiche rappelant énonçant les restrictions imposées aux restaurants, qui ne peuvent avoir à leur carte plus de trois plats principaux -outre les entrées, les desserts et tout le reste- et ne peuvent servir aux clients que des repas limités en quantité : une seule entrée (ou des huîtres), plat de viande, plat de légumes, fromage, dessert... mais, ô misère, les entremets sont supprimés !
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