Samedi 1er février
La polémique de ces derniers temps autour du spectacle de Dieudonné m'a passablement irrité. Je suis pour la liberté d'expression, et par conséquent pour que la connerie, même la plus crasse, puisse s'exprimer publiquement, dans toute sa vérité. Mais je suis aussi pour qu'on ne laisse rien passer en contre-argumentant, point par point, sans ménagement.
Je ne supporte plus les "pas homophobe mais", "pas raciste car", "pas antisémite puisque". Ce qui me gonfle encore plus, et me désole, c'est que ceux qui, en l'occurence, se plaignent de l'omniprésence de la politique mémorielle autour de la shoah se trompent à double titre en voulant s'engager dans une concurrence victimaire. D'abord parce que, sur un plan strictement factuel, les médias parlent des grands drames qui touchent des populations humaines dans leur chair (Google actu est ton ami). Mais encore faut-il pour cela prendre la peine d'ouvrir le Monde, Courrier International ou de de regarder Arte et France 24. Ce qui demande, en contrepartie, de regarder un peu moins "Les Chtis à Pétaouchnok" ou les pitreries de Hanouna. Ou les videos moisies dudit Dieudonné.
D'autre part, c'est justement l'étude des ressorts humain, administratifs, techniques et politiques de la Shoah qui permet d'éclairer et d'alerter sur les insupportables redites de l'histoire. Les fans de Dieudonné "saturent" de la Shoah, mais concrètement, n'en ont absolument rien à battre des crimes de masse et des génocides qui ont été ensuite perpétrés, sur notre continent ou ailleurs. Interrogez les sur le conflit yougoslave, le Rwanda, le Biafra, le Cambodge... Leur inculture se révèlera dans toute sa splendeur. Alors je leur conseille d'abandonner leurs arguments fumeux et d'assumer tout simplement leur antisémitisme, leur détestation des juifs, ils nous feront gagner du temps. Oui, la quenelle est un "geste antisystème". Mais le "système" en question est dans leur esprit un conglomérat médiatico-financier cosmopolite aux mains des juifs. CQFD [par contre, le vrai système, celui controlé par les hommes-hétéros-blancs-de 50 ans, celui là, ils diront rien contre. Ca serait trop djendeur attack. Ou le système Dieudo, qui vit aux crochets de sa cour et fraude le fisc, n'en parlons pas.]
Par réaction, et parce que l'humour est le meilleur antidote à la bêtise, j'organise ce soir avec la Vilaine Lulu, O. et G et bien sûr V. un dîner où la quenelle , la vraie, la savoureuse lyonnaise -celle, par exemple de l'incontournable Maison Girodet- est à l'honneur. Avec, en dessert, un ananas chaud, en pied-de-nez au nauséabond Shoahnanas dieudonnesque.
Dimanche 2 février
Journée paisible, il fait beau et doux. Avec V., déjeuner léger chez Edgar, installé sur une tranquille placette du Sentier. Nous marchons tranquillement jusqu'au Marais, pasteis de nata chez Comme à Lisbonne en guise de dessert.
Vu le prix unitaire du (mini) gâteau -2€- et le débit, ce commerce est plus rentable que le trafic de cocaïne!
Je termine Un garçon parfait de Alain Claude Sulzer. Je n'aurais peut-être pas attribué trois T, mais c'est un livre de qualité(s).
Et le soir sur Arte Le train sifflera trois fois, dont le message m'apparaît bien plus percutant que lorsque je l'avais vu la première fois.
Bonne idée le dîner contre-attaque !! Bien joué. :)
Rédigé par : Matoo | 17 février 2014 à 13:30