Préambule – Conte Thaï
Aï était un petit bonze thaïlandais, affecté à l’entretien d’un temple au fin fond d’une province oubliée du royaume de Siam. Compte tenu de ses fonctions peu valorisantes, il se sentait déconsidéré vis-à-vis de ses collègues et avait du mal à se lier avec eux. Bref, il se sentait bien seul.
Un jour arriva Akouski, un nouveau bonze. Un prêtre de la nouvelle école et de la nouvelle génération, sans a priori et sans œillères. Aï se dit qu’il tenait là l’occasion d’une rencontre qui enfin lui permettrait de mettre fin à un sentiment d’isolement si pesant.
Le courant passa aussitôt entre les deux bonzes. Ils parlèrent de leur enfance, de leurs études, de leur itinéraire religieux. Mais surtout, Aï avait profité de toutes ces années de silence et de solitude pour faire tourner à plein son imagination. Pour meubler ses heures creuses, il s’évadait dans des univers virtuels peuplés de sorcières, de dragons, d’empereurs et de démons. Il décida de partager ces histoires avec son nouveau compagnon.
Akouski, les trouvant excellents, tomba sous le charme de ces contes. Chaque soir, il recherchait la compagnie de son collègue, attendant avec impatience d’être emporté lui aussi dans le tourbillon fantastique de ses élucubrations.
Petit à petit, une fraternité sans faille vint sceller cette relation quotidienne entre le bonze Aï et le bonze Akouski, et cette amitié ne fut jamais démentie jusqu’à la fin de leurs jours.
Moralité : les bons contes font les bonzes amis.
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