(*oui, il y a bien un jeu de mot, spéciale cassedédi pour la Polonaise. J'ai hésité avec "Séder, mais juste"...)
Voilà, la période de Pessah vient de s'achever... Evidemment, en bon laïc-bouffeur-de-rabbin, ce n'était pas dans mes plans de le fêter cette fête majeure dans les règles.
Les règles, dans cette religion (comme dans pas mal d'autres, d'ailleurs), ce n'est pas ce qui manque, c'est même une colonne vertébrale quotidienne. Comme l'a indiqué Michael Wex dans son excellent "Kvetsh!" : "Les commandements qu'ils (les Hébreux) reçurent sont connus sous le nom de mitsves et la tradition précise qu'il y en a 613 dont 248 positifs (tu feras) et 365 négatifs (tu ne feras pas), un pour chaque jour de l'année. Mais comme le calendrier hébraïque suit la lune et non le soleil, et comprend donc 354 jours, une année juive n'est pas assez longue pour contenir tout ce qu'on n'est pas censé faire". Le poète a raison, "Dieu a créé les Juifs rien que pour les emmerder" !
Religion de maso je vous dis, où l'on tire un réel plaisir à déterminer et à respecter tout ce qui est interdit. Et on peut aller encore plus loin dans le masochisme, en tirant un véritable plaisir de la culpabilité éprouvée à enfreindre ces prescriptions. Tu m'étonnes qu'avec tout ça on ait également inventé la psychanalyse.
Bref, comme pour Kippour, ça m'a titillé. Acte I :"Bon, c'est quand même pas toi qui va tomber dans le panneau de toutes ces bonsieuseries". Acte II :"Mais quand même, c'est pas bien...".
Surtout que j'ai fait fort cette fois-ci. En effet, pour le plus grand nombre, Pessah commence par le Séder, un repas spécial célébré les deux premiers soirs. Mais certains -dont je suis- sont censés l'entamer la veille par un jeûne. Ce jeûne des "premiers nés", suivi donc par le premier né mâle de chaque famille, permet de perpétuer le souvenir de la dixième plaie d'Egypte (Dieu faisant périr tous les premiers-nés mais épargnant le peuple hébreu, comme quoi la discrimination ça date pas d'aujourd'hui).
Alors moi, tandis que débutait ce jeûne, je faisais fort : non seulement je m'empiffrais, mais en plus de ça avec des trucs pas vraiment orthodoxes (genre escalope de poulet à la crème - or "tu ne cuiras pas le poulet dans le lait de sa mère"). Forcément, au bout de quelques jours, ça m'a quand même titillé, et je me suis demandé s'il n'y a avait pas une possibilité d'atténuer cette faute.
Car ce qu'il y a aussi de bien dans cette religion, c'est que s'il y a des règles à respecter, il y a aussi toujours moyen de moyenner. C'est sur le site du consistoire de Paris que j'ai trouvé la voie de mon salut.
On y précise que "dans nos générations où la « faiblesse physique est tombée dans le monde » au point que le jeûne entraîne une fatigue et empêche de préparer correctement le séder" il est toujours possible de compenser "par la collation en l'honneur de la fin de l'étude d'un traité talmudique (syoum) ou un repas de mitsva". Traduit vite fait : si on ne peut pas jeûner, il faut manger -mais toujours selon certaines règles quand même, on ne se refait pas ;-) Pour l'étude d'un traité, j'ai les neurones un peu engourdis ("en ce moment, je suis pas trop Rachi de Troyes, plutôt Rachi Parmentier"). Pour la seoudat mitsva, pas de réjouissances de prévues dans mon entourage, faut trouver autre chose.
Ouf, une dernière possibilité :
"Si un premier-né ne peut assister au syoum et qu'au cours du jeûne, il se sente fatigué, il pourra arrêter de jeûner en prenant un repas frugal au cours de la journée, et donner quelques pièces pour les bonnes œuvres."
Ben voilà : on va dire que moi, après cette journée de taf, j'étais trèèèèès fatigué; et puis des escalopes à la normande, c'est léger, non? Pour boucler la procédure et me retrouver aussi innocent qu'au premier jour face au Très Haut, il me reste plus qu'à trouver à qui faire l'aumône. C'est cool, j'ai un paquet de pièces rouges qui m'encombrent. Un volontaire pour m'en débarasser et contribuer ainsi à mon rachat?
Finalement, je crois que j'adore cette religion.
Nan mais l'histoire du premier né mâle de la famille, ca veut dire que tu peux être le seul à devoir jeûner de toute ta famille? C'est tantale revisité, ton truc!
Rédigé par : frederique | 18 avril 2009 à 21:38
Je relis et je me rends compte que c'est pas très clair. Fatalement, si par famille on entend 8 générations et qu'on inclut les cousins toussa toussa, forcément t'es pas tout seul. Mais dans le cas d'une bonne vieille famille tradi avec papi-mamie+papa-maman+les enfants, ben... Ils se goinfrent tous et toi tu jeûnes. Trop dure la vie!
Rédigé par : frederique | 18 avril 2009 à 21:40
j'ai loupé un épisode ou le poulet à la crême tu le fais avec de la crême de... sa mère la poule ??? tu sais que le lait de poule (très bon en hiver quand on a un petit coup de froid) ne "sort" pas de la poule mon chéri hein, tu le sais ça ?
Rédigé par : lecapitan | 19 avril 2009 à 00:46
En tous cas tu m'as donné faim;)
Rédigé par : Ditom | 21 avril 2009 à 20:57