« A 18 ans, j’ai commencé A la recherche du temps perdu. Je reprends souvent le livre sans l’achever, j’ai besoin d’avoir devant moi cette œuvre extraordinaire. Par une espèce de superstition, il me semble que si je vais jusqu’au bout de ma lecture quelque chose arrivera, rien de bon. La mort peut-être, pourquoi pas ? »Yves Saint-Laurent, Le Monde, 8 décembre 1983
Depuis une bonne dizaine d’années, une de mes boussoles en littérature est Belle du Seigneur d’Albert Cohen. Une somme fascinante que, comme la Bible, il serait vain de vouloir résumer ou expliquer en quelques lignes (mais wikipedia est ton amie). Que ceux qui espèrent percer un jour mon mystère fassent l’effort de s’y plonger. Ils y découvriront un parcours que j’ai un peu vécu, une ascension qui, je l’ai cru, me porterait vers un succès qui est resté inaccessible, faute d’intelligence des situations et, il faut le concéder, d’ambitions suffisantes. Pas (trop) de regrets, juste un constat parfois amer ou résigné, mais en tout cas lucide.
Pourtant, le fait est que, ce livre, je ne l’ai jamais lu en entier. L’issue de la geste solalienne est, je l’augure, inéluctable. Une passion destructrice, un contexte politique délétère, la gangrène de l’antisémitisme : tous les ingrédients d’une fin tragique se combinent au fil des chapitres. Mais moi, j’ai décidé que ce que je ne lisais pas, cela n’arrivait pas.
Donc, tous les deux ans environ, je reprends mon exemplaire de Belle du Seigneur. J’en savoure toujours autant l’histoire, je vibre comme à la première lecture. Et systématiquement, à quelques dizaines de pages de la fin, comme le faisait Yves Saint-Laurent, je referme ces pages avant qu’il ne soit trop tard.
Alors ne le répétez pas mais en vérité, je vous le dis, grâce à moi, Solal est toujours vivant.
et tous les 2 ans, tu donnes de tes nouvelles. Qui doit on remercier pour cela ?
Rédigé par : oizo | 19 juillet 2008 à 12:16
Moi j'ai lu Solal deux fois, grâce à toi ! :)
Rédigé par : Matoo | 19 juillet 2008 à 16:26