Dernière ligne droite, dernière occasion de préciser pourquoi je vais voter François Bayrou. Et pourquoi j'espère qu'il sera qualifié au second tour, au détriment de Ségolène Royal.
Mon objectif, dans cette élection, est simple : il faut empêcher Nicolas Sarkozy de devenir président de la république. Pas besoin d'en tartiner des lignes, les dernières années, les dernières semaines ont été assez instructives sur le personnage, sa vision de l'homme et sa conception de la société, sans oublier son positionnement international, qui devraient faire frémir tout citoyen un peu sensé.
Malheureusement, ce n'est pas l'intelligence politique qui fait défaut à cet homme. Sur la base d'un diagnostic inquiétant, il a su, à force de déclarations qui savent flatter là où ça fait mal, de dérapages verbaux plus ou moins contrôlés, susciter l'adhésion de, semble-t-il, un gros quart de l'électorat et se placer en position de favori.
Ce type, je n'en veux pas. C'est épidermique, viscéral, comme on voudra, mais ce n'est pas possible. Je ne dis pas que tout son programme est à jeter, on y trouve forcément des idées qui valent le coup. Mais le plus important dans l'histoire, c'est moins la feuille de route que le personnage. Il aime plus le pouvoir que les Français, il lui manque simplement l'intelligence du coeur.
Alors qui en face?
Certains voudraient qu'une place soit "naturellement" faite à la candidate socialiste, un genre de "rente de situation" qui ferait d'elle un compétiteur pré-désigné. Il "faut" qu'elle soit au deuxième tour ? Pourquoi? parce qu'il le faut. Ouah, ça c'est l'argument qui tue. C'est ce que Jean-Marie Colombani a essayé de nous faire avaler il y a deux jours en une du Monde. Ségo au deuxième tour, c'est "un impératif démocratique".
Impératif démocratique, par Jean-Marie Colombani
LE MONDE | 19.04.07 | 11h34
Il faut donc, au soir du premier tour, que soient réunies les conditions d'une claire et grande confrontation entre deux projets de société.
De ce point de vue, il y a dans l'offre politique disponible deux options : celle de Nicolas Sarkozy, se réclamant de la droite et de la majorité sortante, semble déjà sûre d'elle-même ; il faut donc souhaiter que la seconde, se réclamant de la gauche et qu'incarne Ségolène Royal, soit présente au second tour pour assurer les chances d'un vrai choix.
Personnellement, je vois les choses autrement.
Ma voix, à l'exception du second tour de 2002, a toujours soutenu un candidat de gauche : Voynet et Jospin en 1995, Jospin en 2002. Mais cette voix, elle n'appartient à personne, ni à quelque formation ou mouvance que ce soit. Il n'est pas question que mon choix et mon objectif soit remis remis en cause par je ne sais quel impératif démocratique (ou alors ce n'est pas la peine de nous demander d'aller voter). L'impératif pour moi, c'est le résultat : battre Sarko. A tout prix (en restant , bien évidemment, dans le registre des moyens démocratiques). Y compris en votant pour un candidat hors du cadre habituel des mes inclinations.
Certains m'ont dit qu'il leur était impossible, par tradition familiale de voter au-delà du parti socialiste, A ceux là, je voudrais dire que l'enjeu de l'élection dépasse la question du confort du geste électoral. On ne vote pas pour faire plaisir à ses parents ou à ses grands-parents, ou pour faire comme on a toujours fait parce qu'on a toujours fait comme ça. Et puis, si on est vraiment de gauche, comment peut-on avaler le programme de Ségolène Royal sans s'étrangler ? Si on parlait du contrat première couillonade chance par exemple? Une ressucée de CPE (bouh, pas beau le CPE), mais en mieux, pour l'entreprise. Parce que déjà, elle peut virer le jeune employé au bout d'un an. Au simple motif qu'il "ne fait pas l'affaire". Ca c'est de la protection du travailleur. Et non content de bénéficier d'un contrat en or, l'employeur dispose du jeune gratuitement, charges et rémunération étant prise intégralement en charge par l'Etat. Et le jeune, après, il a la haine de s'être fait tèje, il caillasse la bagnole de son patron et se retrouve en camp militaire. Voter pour cette gauche là parce qu' "on a toujours voté à gauche" ou qu'on "se sent de gauche", il faudra prendre le temps de m'expliquer. A ce tarif, autant être cohérent et soutenir directement Besancenot ou Buffet.
D'autres mettent en avant la difficulté qu'aura Bayrou à gouverner, car il ne disposera pas de majorité.Qu'on se rassure, un vainqueur n'a jamais de mal à se trouver de nouveaux hussards, alliés et obligés. Des gens très bien, du centre gauche comme du centre droit, sauront le rejoindre dans le cadre d'une nouvelle majorité présidentielle. A défaut de solides conviction, l'odeur de la bonne soupe aura raison de leurs dernières hésitations. A contrario, quelle sera la majorité de Ségolène Royal? Les emmanuelistes, les montebourgeois, ils vont lui voter avec acclamation debout son CPC? son projet européen, sur qui s'appuiera-t-elle le moment venu pour le faire approuver? les fabiusien, avec l'appoint des parlementaires communistes peut-être? Next...
En plus voter pour Bayrou et le faire passer devant Ségolène Royal, c'est aussi rendre service au parti socialiste. Ce serait de nouveau un séisme pour le parti, et l'occasion de remettre un peu d'ordre dans la maison, de faire exploser ce magma idéologique qui n'a de fait plus de sens. Le parti socialiste d'aujourd'hui est une chimère, une espèce d'animal monstrueux, paralysé et aveugle. Il faut que ça pète, que l'aile progressiste et intelligente du PS aie la force et les moyens politiques de casser la baraque et de reconstruire sur ses ruines fumantes une nouvelle formation sociale-démocrate, moderne et européenne, débarassée du boulet des vieilles lunes nationalo-marxisantes. Disons que la défaite de Ségolène Royal sera le mal nécessaire à cette renaissance.
A part ça, Bayrou, c'est pas non plus mon coup de coeur de l'année. Si j'accroche sur sa fibre européenne, sur son côté posé et pragmatique, je trouve qu'il manque d'énergie, de peps et j'aimerais plus de gages de sa part sur son attachement à la laïcité. La politique internationale est assez absente de son programme (comme chez les autres d'ailleurs). Il ne faut pas se leurrer, Bayrou n'est ni saint, ni homme providentiel. Juste le seul capable, sur l'échiquier politique en 2007, d'éjecter le nabot. Sentiment corroboré par les enquêtes d'opinion (je sais qu'il ne faut pas en faire sa Bible, on ne peut pas en faire totalement en faire abstraction non plus), mes antennes dans le milieux de centre-gauche et de la droite modérée et surtout le fait que mes amis sarkozystes encouragent les indécis à voter Ségolène -par besoin de réfléchir longtemps pour comprendre leur stratégie...
Alors, même si ce cheminement n'aura rien eu d'évident ou de naturel, si ce choix sera plus celui de la raison que celui du coeur, demain, il aura droit à mon suffrage.
ok...ok... pkoi pas?
Moi j'trouve que tu passes plus de temps à nous dire pourquoi Royal n'est pas un bon choix de gauche, plutôt que de nous dire pourquoi Bayrou est un bon choix de.... de quoi d'ailleurs, de centre DROIT!!!
Battre le nabot certes, mais si c'est sans conviction, non merci. Et si tu arrêter de te perdre dans ces joyeux calculs d'apothicaires sous haute influence des bureaux de sondage et que tu nous expliquez plutôt comment tu es passé des Verts, puis au PS pour enfin finir à droite!
Après tout c'est pas forcément honteux si tu as de vraies convictions...et ce serait plus honnête au final, non? allez parle nous de tes antennes de cette fameuse droite modérée.. je suis tout ouie!!!
Rédigé par : dragiboy | 22 avril 2007 à 13:31
ooops, et désolé pour les quelques fautes d'orthographes qui se sont glissées dans ce com. C'est mon côté Ségo... jamais la dernière à faire des bourdes, ça fait pas très sérieux mais c'est plus authentique non?
PS: vive DOMINIQUE VOYNET, j'allais oublier l'essentiel!
Rédigé par : dragiboy | 22 avril 2007 à 13:33