Jour J. Pas mal d'inquiétude pour ma part. Allez, pour se remonter le moral, on va dire que le oui, c'est comme le Père Noël, il passe tant qu'on y croit.
Je n'ai pas du tout parlé de la constitution européenne par ici, j'ai juste commis quelques commentaires succints ici ou là. Pas par manque d'intérêt, au contraire, mais plutôt par saturation. Bien investi dans la campagne, j'ai participé à l'organisation de plusieurs meetings et ai pu suivre la campagne "de terrain" en profondeur. La différence avec la blogosphère est nette -mais guère étonnante en fait. Dans les réunions, les gens, en grande majorité des indécis, viennent écouter, s'informer et débattre. Et la moyenne d'âge est relativement âgée. Sur internet, un public beaucoup plus jeune, avec des opinions bien arrêtées, des arguments hyperaffutées, un débat beaucoup moins policé -des invectives, des insultes, tout cela n'a pas toujours volé très haut (évidemment, surtout [mais pas que] de la part du camp du non).
Côté non, on a entendu pas mal:
- de bêtises : il faut voter contre pour voter contre, pour faire tout péter, pour faire chier Chirac, parce que ça a été négocié par la droite, parec que ça a été négocié par de prétendues "élites" qui ont fait leur petit commerce entre elles, à leur avantage, parce que ça nous met sous la coupe des Etats-Unis. Tout juste si on ne reprochait pas au texte de ne rien faire contre la sécheresse, les été pluvieux et les belles-mères envahissantes.
- de choses abjectes, comme ces affiches d'ATTAC -organisation qui a énormément baissé dans mon estime- sur Anna la Slovaque (message pas subliminal : les
filles de l'Est, toutes des putes) ou les chauffeurs routiers polonais qui cassent les prix et piquent leur travail aux Français.
- de mensonges toujours, avec, au hasard, ATTAC. Comme ce cher Bernard Cassen, qui, sans vergogne déclare dans le Nouvel Obs (12 mai 2005, p.58) : "nous n'avons jamais dit que la constitution interdisait le divorce ou l'avortement". Non, juste que, en ne prévoyant pas explicitement ces droits, la constitution les remettait en cause -ce qui est d'ailleurs juridiquement totalement faux. Plus le mensonge est gros, et mieux il passe hein mon Bernard? je connais la technique tu te doutes, avec une famille engagée au PCF depuis quasiment sa création...
- des arguments très intéressants aussi, notamment sur la question de la gouvernance économique ou du caractère soutenable, à moyen terme, d'une politique qui place la croissance économique au coeur de sa réflexion (alors qu'à mon avis, il n'est que trop temps, voire trop tard, de songer justement à une décroissance soutenable, qui seule donnera sa crédibilité à notre pseudo-préoccupation pour le développement durable)
Pour moi, c'est un oui sans enthousiasme mais juste réaliste, pragmatique et quand même positif. Car il est des évidences qu'il n'est jamais mauvais de rappeler, et des avancées qu'il est toujours bon d'engranger. Quitte à continuer à progresser : l'Europe a toujours su le faire, remettant son ouvrage sur le métier, depuis deux décennies, quasiment tous les 4-5 ans.
J'évolue dans un milieu professionnel où le résultat d'aujourd'hui aura une conséquence directe sur mon emploi (contrairement à la plupart de ceux qui donnent dans cette campagne des leçons du genre "votez non pour préserver votre travail"). L'annonce des résultats se fera dans une ambiance tendue, je le sens. Bon Dieu, qu'elles vont être longues ces dernières heures ...

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