Cette même nuit du dimanche au lundi, il y a exactement un
an, fut la dernière.
J’avais été l’accueillir la veille, le samedi donc, à l’aéroport,
pour son retour de Grèce. Quinze jours de pérégrinations dans les Cyclades. Il
était revenu avec le sourire, avec une bonne mine hâlée par le printemps de
Mykonos. Il avait aimé la surprise, me trouver là à la sortie du terminal.
Après ces deux semaines de (supposée) abstinence, qui
succédaient à quelques autres où le slip n’avait pas trop été à la fête, j’avais
espéré qu’il se jetterait sur moi, affamé de mon corps sinon de mes paroles. La
nuit chez lui avait juste été câline. La fatigue du voyage, le décalage
horaire, sûrement.
Charmante attention, il avait trouvé un cd de rebetiko dont je lui avait passé la commande.
Dimanche chez moi. Je savais –je commençais à le connaître par
cœur- que son premier geste serait pour l’ordinateur : l’allumer, se
connecter, et vite vite, vérifier l’historique des consultations. C’était
devenu presque un petit jeu, se connecter exprès à quelques sites bien chauds,
qu’il pourrait ensuite exhiber comme des trophées : « Ahhhh, je t’y
prends hein, tu t’amuses bien dis donc !!! ». Juste histoire de
flatter sa vocation frustrée de petit procureur. Il s’en défendait bien sûr
quand je le taquinais à ce sujet. Bien sûr que non, il ne vérifiait pas, il
jetait juste un coup d’œil, c’était une sorte de réflexe, rien de méchant, et
puis même des fois il oubliait de le faire, c’est dire….
Ce dimanche là donc, il n’a pas pu s’empêcher de fouiller
dans le bordel de mon bureau. Un automatisme, comme d’hab’. Il a fallu qu’il
tombe sur cette petite carte avec les coordonnées de A. –garçon charmant, belle
gueule brune de fils de bonne famille (déchue),
interprète de japonais- et sur lequel j’avoue que je fantasmais bien. (Evidemment,
il avait déjà entendu parler de lui. Je crois même avoir prononcé son prénom
une nuit, puisqu’il m’avait demandé au réveil qui était ce A.). Léger incident –qu’est
ce que t’as besoin de fouiller dans mes affaires? –je fouille pas, ça traîne –et
alors t’es pas obligé de lire –ben si t’as des trucs à cacher, cache les mieux
que ça… Tension résiduelle. On se mate un dividi –L’homme est une femme comme
les autres. Tension croissante, j’ai l’impression que nos échanges confinent de
plus en plus au registre de l’onomatopée.
Coucher sans conviction. Il est à côté de moi, pas avec moi.
Lundi matin, je bosse, lui non. J’ouvre un œil au petit
jour. Je tente une approche, je veux juste passer mon bras sur son épaule. Il a
un mouvement de rejet. Ca me plante un petit couteau. Je reste là, contre lui,
sans trop oser bouger, jusqu’au moment ultime où il faut dégager du lit.
Je suis triste, très triste. Je me prépare, sans entrain.
Quand c’est lui qui se lève tôt, je me bouge avec lui, je lui prépare le petit
dej, je l'encourage. Là, il reste sous sa couette, il s’en fout. C’est l’heure d’y
aller. Je passe une tête dans la chambre, espérant une réaction. Rien. Je pars
sans rien dire, les larmes aux yeux. Je ne me suis jamais plus glissé dans ces
bras, dans ces draps.
C’était un lundi matin, c’était il y a un an.
Courrage ! moi c'était il y a plus de trois ans. même chose le matin sauf qu'en rentrant, j'avais sur un coin de table une lettre de rupture. Mais pas un beau papier non, une sorte de papier A4 déjà utilisé au recto. Depuis, les demande en mariage, je les snobe.
Rédigé par : Grey, mondain. | 24 avril 2005 à 22:02
Beaucoup de points communs avec http://solal.blogs.com/c_est_bon_mangez_en/2004/07/le_chapitre_est.html, mais ça n'en est que plus fort. La douleur point toujours ; courage.
Rédigé par : excalin | 25 avril 2005 à 14:37