(résumé : Solal a déjeuné hier avec l'Ex, qui rentrait de Venise, où ils n'ont jamais été ensemble. Ca fait mal)
Je suis une plaie ouverte, sur laquelle une force maligne s'ingénie à balancer du sel à grosses poignées.
En ce moment, tout me ramène à l'Ex. Ce n'est pas faute d'essayer de l'oublier, de me noyer dans le boulot, de tenter de prendre du bon temps dans des bras musculeux dès que l'occasion se présente...
Mais.
Je peux pas.
Je rumine, je rumine. Deux mois que je me suis fait jeter, après presque un an et demi ensemble, épaule contre épaule, caminando por el mismo camino. Sentiment d'un gâchis immense, d'une fantastique occasion manquée. Impression qu'il n'a pas voulu déployer le moindre effort pour sauver ce qui pouvait l'être.
Notre rencontre, ce fut pour moi un coup de foudre. Pour lui je ne sais pas. Tout a commencé par des galipettes dans un lieu de débauche. Puis nous avons parlé, il en avait dans la caboche le garçon, ça m'a plu. Quelques échanges de mails, quelques sorties, quelques bisous dans le cou...ça a pris un peu de temps, mais ce n'en fut que meilleur quand enfin notre relation pris un tour plus sentimental -et plus officiel.
Pour la première fois de ma vie, je sortais avec le mec dont j'étais amoureux.
La situation n'était pas facile pour lui : en couple depuis plusieurs années, relation qui tombe dans l'indifférence réciproque, moi qui arrive là-dedans comme un chien dans un jeu de quilles. Très vite, il s'est quasiment installé chez moi, ne faisant un saut à son appart que pour renouveler son stock de fringues et récupérer son courrier. Moi, j'étais sur mon nuage, nous étions ensemble tous les jours et mes copains/pines lui avaient réservé le meilleur accueil. Il a ensuite décidé de définitivement quitter son mec pour prendre un appart en colocation sur Paris.
Pour la première fois de ma vie encore, j'allais partir en vacances en amoureux. L'Italie d'abord, le Périgord ensuite. Le bonheur.
Puis tout s'est effiloché, petit à petit. Je travaillais à l'époque chez FranceMonde, et, après quelques années de (très) bons et (très) loyaux services au siège, j'avais la possibilité de m'expatrier. Le pied : responsable de la communication d'une de nos filiales nord-américaines, près de New York. Forcément, pour moi, le garçon faisait partie intégrante du projet. Il viendrait avec moi, il chercherait du boulot sur place -et s'il n'en trouvait pas, no sushi, je serais de toute façon assez bien payé pour nous faire vivre tous les deux confortablement.
Lui n'a pas du tout vu les choses sous cet angle : "je quitte tout, mes amis, ma famille, mon boulot, pour un endroit où je ne connais personne, où je n'ai rien à faire, où je serai dépendant de toi, où on sera en tête-à-tête permanent -bref, je serai coincé."
Ca a commencé à se crisper entre nous. Je ne comprenais pas son attitude butée, lui disait que tout ce que je voulais, c'est avoir une ptite femme qui fasse les courses et m'attende sagement à la casa. Que ce soit lui ou un autre. Qu'il en avait marre que je lui présente ce projet comme une faveur que je lui faisais (ben quoi, y'en a pas plein que ça intéresserait , quelques années aux States tous frais payés ?).
Et puis j'ai eu encore plus de boulot. Crevé, vanné, j'ai décliné. Je suis devenu un mauvais amant, j'avais plus goût aux galipettes. Calculs rénaux, infection urinaire, ça n'a rien arrangé. Limité dégoûté de la gaudriole. Je comprenais pas pourquoi moi, avec mon rythme de cadre sup, je n'avais pas le droit d'être à plat, alors que lui, prof, était soi disant sur les rotules avec 18 heures de cours par semaine et quinze jours de vacances tous les deux mois (ok, y a les corrections, mais il y allait mollo...). Sa clope m'énervait. Je déployais des efforts pour lui plaire, bien me fringuer, m'astreindre au sport, mais lui ne remarquait rien.
Tout ça mélangé, paradoxalement, avec de purs moment de complicité, de tendresse, d'échanges, de découvertes, de coups de coeur...
(fin de la première partie, la seconde est restée au bureau. Je la poste demain, promis)
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