(résumé de l'épisode : début des aventures de Mammé à Paris, vendredi soir. A suivre... )
J'avais oublié : elle est dyslexique. Je l'ai eue au bout du fil hier, je lui ai demandé de bien renoter et l'adresse, et le code de l'immeuble… Même pas foutue de noter un code à quatre chiffres dans l'ordre.
Cela fait déjà un quart d'heure qu'elle attend au bas de l'immeuble quand, vraiment par hasard, je sors sur le balcon. On est en plein quart de finale de l'Euro, les Gaulois contre les hellènes Ephèbes. Ce soir, bien claqué après une semaine chargée, une crève carabinée et une lecture sur le web qui ne m'a pas laissé insensible, j'ai décidé de ma la jouer hétérobeauf –ce que je suis, je le crains, au fond. Je peux me le permettre, je suis ce soir tout seul à l'appart. Débraillé sur le canapé, la télé à donf, un ptit pineau et des olives à discrétion, beuglant dès qu'une action devient assez intense pour le justifier. (sur mon échelle à moi, car comme je ne connais absolument rien aux règles et aux stratégies du foot…) J'ai soudain l'envie de partager mon enthousiasme, de communier avec mes congénères dans l'ivresse de la compétition pacifique et du rapprochement des nations. Quartier très bobo, ce serait étonnant mais bon…. Peut-être pourrais-je du balcon humer la clameur d'un groupe de supporteurs réunis dans le salon d'un des immeubles voisins ? Je pointe une tête àl'extérieur.
"Sol ! SOL ! SooooooOOOOOLLL !!!!!!! " C'est Mammé.
Elle est là, en bas, pliée en deux. Je comprends qu'il lui manque le code, je la renseigne du haut de ma balustrade 3-5-7-5 (je me débrouille assez bien sur ce coup là, j'ai regardé "mes mains ont la parole" quand j'étais môme, moi). Elle monte à l'appart, toujours aussi hilare. Je ne lui jetterai pas la pierre, il paraît que je tiens d'elle.
Mammé dormira ici et restera jusqu'à demain soir. Elle est contente, la grosse ville lui manque un peu depuis qu'elle est partie s'installer avec Vladek au milieu des verts pâturages il a deux ans.
Première étape : resto japonais. J'ai mes habitudes. L'accueil est toujours aussi démonstratif, peut-être plus encore que de coutume. L'endroit est quasi-vide, la faute à ce foutu match. Commande, apéro, piapiapia…
"Euhhhhh, y'a pas de fourchette ?
- naaaaan, yapa.
- ah. C'est baguettes-baguettes alors ?
Si j'étais sympa, je lui demanderais des couverts, mais ce serait trop facile… On se lance donc sur un petit cours (bon ça doit bien faire la 17ème fois qu'on lui explique) : tu pince la baguette n°1 entre le pouce et l'index, la deuxième entre l'index et les majeur, tu mets les doigts comme ci comme ça, tu opères le petit mouvement de mâchoires qui permet la préhension du bout de pesket… succès limité, mais barre de rire assurée.
J'ai un peu pitié d'elle, c'est ma mum quand même, et puis surtout, plus que dix minutes avant le début de notre séance de ciné. Alors, en gentil fils que je suis, je lui donne la becquée. Un ptit bout de sushi, un ptit bout de maki, un tour dans le petit bain de sauce soja, et hop, une bouchée pour Vladek, une bouchée pour Solal, une bouchée pour Mamé. Un couple de mecs est installé de l'autre côté de la pièce, ils nous zyeutent en coin avec le sourire, ils nous prennent peut-être pour des amoureux ?!?
Conclusion de Mamé : "C'est très bien mon fils. Ca t'entraîne pour quand j'aurai la maladie d'Alzheimer et que je pourrai plus tenir ma cuillère".
On éclate de rire encore une fois. Mais je ne peux m'empêcher de penser qu'effectivement, année après année, nous aurons de moins en moins prise sur nos corps et nos esprits. Il faudra faire face, sans se poser de question, avec tendresse, sans dégoût. Une vraie preuve d'amour.
Mammé je l'adore déjà ! Un vrai personnage de sitcom !! :)))
Rédigé par : Matoo | 02 juillet 2004 à 10:31
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Rédigé par : KEL KUN | 08 septembre 2004 à 16:06