(résumé: Solal est tout chose)
La journée m'a paru vraiment longue. Activité réduite au minimum comme rarement. Je passe mon temps à vérifier mes mails, au cas où LeFauve aurait répondu... à appeler sur mon portable, pour vérifier qu'il fonctionne bien, que les batteries ne sont pas à plat, au cas où LeFauve voudrait me joindre... Je l'espère aussi impatient de l'autre côté, je savoure, malin plaisir de prendre mon temps pour lui répondre à mon tour et ainsi faire monter l'attente, cran après cran. Mais à ce jeu là je sens que je vais vite perdre.
J'abdique. Il faut que je le voie. Je n'en peux plus.
Patience, patience, il a du traval lui. Il a des amis lui. Ce n'est que fort tard, bien après l'heure où les carosses se transforment en citrouilles, que je pourrai grignoter son sourire.
Je dois le retrouver dans le sous-sol d'une boîte parisienne un peu rétro. Spooter le Scooter fait des siennes, refuse de démarrer, il sent la concurrence, mes coups de pied lui font retrouver la raison. Sale bête!
Je descends dans la salle. J'ai laissé, par coquetterie mal placée, mes lunettes dans la boîte à gants. Lumière trouble, fumée, traits indistincts, où se cache-t-il? il me semble l'apercevoir là-bas, sur la piste, il danse face à une grande asperge toute sèche, ils ont l'air de bien délirer, et puis...ils échangent des baisers. C'est sûr, je suis un peu en retard, mais il n'était pas obligé de sauter sur le premier venu. Ca fait mal. Je m'approche. Fatale erreur, maudite myopie. Je l'ai confondu. Solal, soulagé, reprend sa ronde.
Et là, le hasard fait bien les choses, il est là LeFauve, face à moi. Tout de suite, il me décoche son doux sourire de la mort. J'ai envie de le prendre dans mes bras. Pas le lieu, pas le moment. On ouvre les vannes, on parle, on parle, j'ai encore tant de choses à lui dire, la salive me manque, j'ai la bouche sèche. La musique oblige à parler fort, la fumée des clopes irrite mon larynx encore sensible. Subtile alchimie entre mes questions et ses réponses, mes remarques et ses arguments. Des évidences, des étonnements. Un saut au bar pour s'humecter le gosier, et c'est reparti pour un tour. Qu'est-ce qu'ils font là tous autour de nous à gesticuler en rythme sur de la soupe disco, ils ne voient pas qu'ils nous dérangent ? J'ai envie d'être tranquille avec lui, nous battons en retraite.
On enfourche Spooter -Solal, optimiste, avait prévu le deuxième casque- pour retrouver les berges du fleuve. Les rues de l'Ile-Saint-Louis sont désertes, l'air est doux, c'est parfait... C'est maintenant la Seine étale -elle a bien le droit, elle aussi, de roupiller un peu- qui sera notre silencieux témoin.
La nuit avance, plus qu'une heure avant l'aube. Nous serons raisonnable, je vais le raccompagner chez lui. Spooter commence à connaître LeFauve, il est plus docile maintenant. Durant le trajet, je sens le garçon derrière moi, j'aimerais qu'il se serre un peu plus. Une ou deux fois, au feu rouge, j'effleure ses mains qui reposent sur mon ventre. Il la peau si douce!
Je cogite, je cogite, je me sens comme un ado qui revient de sa première boum de collège. Est-ce que je lui caresserai la joue? aurai-je le cran de quémander un baiser ? Le chemin est trop court, nous voici déjà devant chez lui. Grosse boule dans la gorge.
LeFauve descend du canasson, enlève le casque, me le tends pour que je le range... compte à rebours, plus que quelques secondes à passer avec lui, je sens un gros coup de mou dans l'intercostal. Il faut se dire au revoir. J'ose plonger mon regard dans le sien. Il m'offre encore son sourire. Il m'offre enfin ses lèvres.
Un baiser doux et léger. Puis un deuxième, et encore un autre... autant de gouttes miraculeuses qui s'infiltrent dans les craquelures de mon coeur désséché et feront refleurir le désert.
Bon, LeFauve me l'a dit, il trouve que je suis un peu petit et que je fais pédé. Mais je crois qu'il aime bien mes yeux...
Aaaaah, le coup du scooter à deux! Impossible de résister à ça...
Rédigé par : M LeMaudit | 17 juillet 2004 à 19:59
C'est d'un romantique...
Putain, Solal, passe-moi les mouchoirs, ou je vais noyer ton blog !
Rédigé par : Tatou, *rassuré* | 18 juillet 2004 à 15:56
ouais mon Tatou, je te les passe les kleenex, y'en aura besoin pour la suite...
Rédigé par : solal | 18 juillet 2004 à 23:19
"je suis un peu petit et que je fais pédé" : solal = Passpartout avec une plume dans le cul ??? :oP
Rédigé par : Lecapitan | 19 juillet 2004 à 12:00